jeudi 13 novembre 2008

... que chez les NAPPY aussi, c'est la crise!!

Prendre le métro pour se déplacer, cuisiner ses propres repas, faire le ménage soi-même... Il y a quelques mois, c'était impensable pour Charlotte B. Cette jeune femme élancée qui arbore brushing et blouse en fourrure de lapin, habite à quelques pas de l'avenue Charles-de-Gaulle, à Neuilly-sur-Seine, le N de NAPPY* (*Neuilly, Auteuil, Pereire, Passy) « Pas si loin de chez Jean Sarkozy ! » sourit-elle. Graphiste free-lance, elle a vu son pouvoir d'achat chuter brutalement avec l'arrivée de la crise économique. Petit à petit, ses clients ont annulé des commandes ou n'ont pas renouvelé ses contrats.

« Il y a pile six mois, je gagnais en moyenne 3000 euros nets par mois, répartis sur une demi-douzaine de clients. Ma spécialité, c'est de créer des logos pour des entreprises. Mes clients étaient des PME qui venaient d'être montées, des grandes sociétés qui voulaient renouveler leur ''identité graphique'' ou des agences de communication visuelle. » La crise économique les a rendus frileux et, en tant que free-lance, Charlotte n'a pas le droit aux Assedic. Elle n'a en ce moment plus que trois clients et touche 1200 euros nets environ. « Heureusement, mes parents me donnent 300 euros par mois pour m'aider à joindre les deux bouts, et j'ai quelques comptes d'épargne. »

Le loyer de son quatre-pièces, d'où elle travaille : 1200 euros pile justement ! Elle le partage avec son ami, chargé de recrutement pour une grande entreprise du CAC 40. « Il devait avoir une grosse promotion, mais à cause de la crise, ils prévoient de moins recruter... Il va donc garder son poste actuel. On avait déjà commencé à remeubler note appartement en prévision de cette promotion, on est un peu déçus... » Le plus gros sacrifice, pour Charlotte : renoncer aux taxis. « Dès que je devais aller quelque part, boire un verre, rencontrer un client, je prenais le taxi. Ce n'est pas si cher, 20 euros par trajet en moyenne, à raison de quelques allers-retours par semaine, ça me revenait à moins de 400 euros par mois. »

Vous trouvez ça hors de prix ? Charlotte a réponse à tout: « Si les gens s'offusquent, je leur réponds qu'une voiture coûte bien plus cher, entre le garage, l'assurance, le parking, l'essence. » Elle a dû se résoudre à prendre une carte Navigo à environ 50 euros par mois pour voyager en métro. « Je déteste toujours autant ça. On est serré, c'est long, les gens parlent fort, sentent fort. Et puis, tous ces escaliers, en talons, ce n'est pas pratique », grimace-t-elle.

Un autre poste de budget que Charlotte regrette : les traiteurs et la restauration à domicile. « Faire à manger, ça me gonfle vraiment. Et les plats tout prêts sont mauvais. Mon réflexe, c'était Alloresto.fr si je n'étais pas sortie, ou le traiteur du coin si je passais par là. Pour 15 à 25 euros par soir, à deux, nous avions un bon menu de sushis livré en 30 minutes, une piémontaise maison, ou du suprême de pintade. Le tout après quelques verres d'apéritif bus dehors avec des copines. »

Elle fait donc connaissance avec les plats surgelés, les boîtes de saucisse-lentilles et les salades sous plastique. Et en profite pour congédier la femme de ménage: « Trois heures par semaine, environ 300 euros par mois une fois les déductions d'impôts faites. Mais je crois que je vais la rappeler : ce n'est pas pour moi, c'est pour elle, je suis sa troisième patronne à m'en séparer à cause de la crise. Elle va finir sans rien. Et puis j'ai cramé ma blouse Maje en voulant la repasser, je suis nulle. »

Mais il y a des dépenses auxquelles Charlotte ne peut pas (ne veut pas ?) renoncer : « J'avais mis mon sac Kelly d'Hermès en vente sur Ebay. Mais je l'ai retiré, ça me faisait trop mal au cœur de m'en séparer. » Idem pour ses mèches blondes. « Sinon, on voit trop mes racines. Mais j'ai arrêté les grands coiffeurs à 140 euros au profit de Tchip à Levallois, à côté. Pour 28 euros, des coiffeuses super sympas donnent un coup de fouet à ma couleur. Je ne peux pas non plus m'épiler moi-même, c'est trop moche : j'ai gardé mon esthéticienne, je crois que je paye 120 euros par mois en moyenne. » Ah, la crise... Si certains y laissent des plumes, visiblement, d'autres refusent d'y laisser des poils...

lun. 10 nov. , Marlène Schiappa, Yahoo Actualités France.

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