lundi 27 octobre 2008

... que ce qui devait être changé... a été changé...


Du temps que j'étais belle et bien un peu puérile
Je transformais les hommes en animaux
Ô combien de marins,Ô combien d'imbéciles
J'ai changé en pourceaux
J'avais de la malice
Jetant mes maléfices
aux compagnons d'Ulysse
Mon nom vous parle encore de légendes anciennes
On m'appelle Circé et je suis magicienne

Mutatis Mutandis
ici je veux un groin
un jambon pour la cuisse
et qu'il te pousse au rein un curieux appendices
mutatis mutandis
maintenant je t'impose la couleur d'une rose
de la tete au coccis
Mutatis Mutandis

Si tant est qu'il est vrai que tout dans le cochon
Peut nous paraître bon, dans l'homme... non!
Je n'ai fait que donner la forme qui convient
À ces jolis nourrains
Prisonniers de mes bauges
De mon œil qui les jauge,
De ma main qui remplit l'auge,
Pataugeant dans la boue, pauvres petits humains
Seriez-vous plus sereins, esprits sains ou porcins ?

Mais le temps a passé et j'ai jeté mes dopes
Mes poudres, mes potions, mes sortilèges
Il y a longtemps qu'Ulysse a rejoint Pénélope
Entre autres sacrilèges
Je vais de port en port (je vais de porc en porc)
Voir si je trouve encore
Un homme dans chaque porc (un homme dans chaque port)
Constatant que personne, dans ce monde en déglingue
Ne met plus de magie au fond de sa seringue
Quand ce n'est qu'en gorets
Que je les transformais
Les voici désormais
Enivrés par le fric, le pouvoir, les combines
Changés en charognards, en vautours, en vermine

Mutatis mutandis
Ici, je veux des dents
Que ton poil se hérisse
Qu'il coule dans ton sang
La fureur et le vice,
Mutatis mutandis
Que brûlent dans ton cœur
La haine et l'avarice
Et prend du prédateur
La sinistre pelisse

Sois aveugle et sois sourd
Et mène au sacrifice
La pitié et l'amour

Mutatis mutandis...


Le Sort De Circé, Juliette, 2005

vendredi 3 octobre 2008

... des mignons...

Avec des yeux plus grands que le ventre,
Avec des mots plus grands que le cœur,
Ils entrent dans notre existence
Côté tendresse, côté cœur.
Ils nous racontent leur enfance
En se cachant sur nos genoux
Et je ne crois pas qu'ils plaisantent
Quand ils disent : " J'ai peur de vous. "
Ils nous découvrent, ils nous adorent.
Ils nous bercent avec des chansons.
Ils font bien d'autres choses encore.
Moi, je les trouve assez mignons.

Avec une belle assurance,
Une fois par mois, avec des fleurs,
Ils nous proposent une existence,
Côté coin du feu, côté cœur.
Ils ronronnent dans nos corbeilles
Et viennent manger dans nos mains
Puis, de bonne heure, ils s'ensomeillent.
Ça nous fait de joyeux matins.
Ils nous embrassent, ils nous ignorent.
Ils chantent faux sur nos chansons.
Quelquefois, ils font pire encore.
Ça ne fait rien, moi je les trouve mignons.

Un jour, ils refument le pipe
Qu'ils avaient jetée aux orties
Et voilà qu'ils prennent en grippe
La cage qu'ils s'étaient choisie.
On se dit que l'on s'aime encore
En sachant que rien ne va plus.
Ce monsieur, près de qui l'on dort,
Pourquoi donc nous avait-il plu ?
On leur ouvre tout grand la porte.
On n'a plus le cœur aux chansons.
Bêtement, la vie les emporte.
Dommage, ils étaient bien mignons.

Avec des nuits de solitude,
Avec des jours de fin de mois,
On se refait des habitudes.
A vivre seul, on vit pour soi
Et voilà t'y pas qu'ils reviennent.
" Bonjour ! Tu vas bien ? Me voilà.
Cette maison qui est la mienne,
Tu vois que je ne l'oublie pas. "
On ne dit rien mais l'on s'étonne.
On a beau savoir la chanson,
On la trouve assez polissonne,
La dernière de nos mignons.

Les Mignons. Paroles: Barbara. Musique: S. Makhno